Le 1er mars 2023 entrait en vigueur le règlement de compensation dont on a fêté l’anniversaire au début du mois. Voté par la Communauté d’agglomération Pays Basque à la suite d’une mobilisation de la société civile, notamment d’Alda qui avait mis le sujet sur la table dès juin 2021, et du travail volontariste de certains élus, ce règlement a permis de stopper net la transformation des logements à l’année en Airbnb permanents. Cette année 2025 marque un tournant : les dernières autorisations de changement d’usage délivrées avant l’entrée en vigueur de la compensation arrivent à expiration. Au 28 février 2026, plus aucun logement ne pourra donc être loué en Airbnb permanent sans compenser, c’est-à-dire en ayant produit un nouveau logement dédié à la location à l’année ! 

Pour cette date anniversaire, Alda a cherché à mettre des visages sur ce règlement de compensation : celles et ceux qui, grâce à cette mesure, ont pu bénéficier de logements à l’année ou d’une qualité de vie retrouvée. Car, loin des chiffres tronqués ou des arguments de mauvaise fois des lobbies, la compensation est avant tout une mesure qui permet une avancée majeure : stopper la transformation des logements à l’année en Airbnb et permettre à celles et ceux qui en ont besoin de se loger à l’année ! 

Plusieurs appartements loués à l’année dans le même immeuble !

Marie*, 70 ans, elle, est propriétaire. Son commerce se situait au rez-de-chaussée de la résidence, et elle a eu l’occasion d’acheter l’un des appartements et s’y est installée. “Les ennuis ont commencé vers 2017-2018. Une voisine est décédée, l’appartement a été racheté, transformé en Airbnb. Puis ça a fait boule de neige, d’autres appartements ont suivi. ” Dans cette résidence, plusieurs appartements ont en effet été transformés en Airbnb permanents. “Conséquence : du bruit non-stop, du matin jusqu’au soir et même tard dans la nuit. On oublie souvent les conséquences d’Airbnb sur le voisinage !

Depuis la compensation, la situation a drastiquement changé. Plusieurs des logements autrefois loués en Airbnb sont désormais loués à l’année, comme celui de Patrick.

Patrick est coiffeur. Il a passé près d’un an à chercher un logement. Il a pu trouver à se loger dans cette résidence il y a un peu plus de deux ans, dans un appartement autrefois utilisé comme Airbnb à l’année. “Quand vous avez un appartement, vous êtes content, vous ne le quittez pas ! Je ne suis pas loin du travail, je suis ravi d’être ici !” 


Des voisines sur qui compter

Danielle, 80 ans, habite dans son appartement depuis 2009. Alda l’a rencontrée lorsque l’association a dénoncé la violation de la compensation par son propriétaire lors d’une action, pour l’appartement situé sous le sien. Quand Danielle est arrivée dans sa petite résidence de 3 appartements, les locataires étaient trois dames âgées. Puis, les appartements de ses voisines ont été transformés en Airbnb permanents. Seule locataire à l’année, Danielle a fait l’objet de multiples pressions de la part de son propriétaire pour qu’elle parte : une période très difficile à vivre. Mais l’entrée en vigueur du règlement de compensation a changé la donne. Le studio du rez-de-chaussée a été remis en location à l’année et est désormais occupé par une biarrote qui avait du mal à se loger. Celui du 1er étage, qu’Alda avait occupé quelques jours parce qu’il ne respectait pas le règlement, a lui aussi été finalement transformé en logement à l’année.  

Je n’ai jamais eu de problème avec les touristes : ce n’est pas eux le problème, mais le comportement des propriétaires, prêts à tout pour augmenter leurs gains. Aujourd’hui, j’ai deux voisines avec qui je m’entends très bien et sur qui je peux compter quand je pars quelques jours et que j’ai besoin de quelqu’un pour relever le courrier. Évidemment, ce sont ce genre de services qu’on ne peut pas demander quand il n’y a que des Airbnb !” 

Tranquillité retrouvée

Maeva a 43 ans et est locataire d’un appartement dans un quartier résidentiel d’Anglet depuis 2007. Au début, tout se passait bien. Mais au bout de quelques années, une maison voisine a commencé à être mise en location touristique. “Elle était louée pendant les beaux jours, à partir de Pâques et jusqu’aux vacances de la Toussaint, à la semaine du samedi au samedi. C’est une grande villa avec piscine, beaucoup de couchages et donc toujours louée à des groupes nombreux, venus faire la fête. Ma chambre donne sur cette villa, donc je subissais de gros tapages nocturnes.” Plus les années passent et plus Maeva redoute l’arrivée des beaux jours. Pour elle, ils sont synonymes de manque de sommeil et de l’irritabilité qui en découle. “Ces personnes qui venaient passer une semaine de vacances à Anglet ne semblaient pas se rendre compte qu’il y avait une vie à l’année ici, avec des personnes qui se lèvent tôt pour aller travailler, des enfants qui dorment, etc. Il s’agissait souvent de groupes très alcoolisés, déconnectés de la réalité. Heureusement, j’ai de la chance d’avoir ma famille ici. Bien souvent, quand je savais que j’allais avoir de grosses journées de travail, je prenais un sac et j’allais dormir chez ma grand-mère”. Maeva a essayé de prendre les choses en main pour faire changer les choses, en contactant la propriétaire établie en Bretagne. Mais cette dernière ne se souciait guère des problématiques engendrées par sa location touristique, expliquant à Maeva qu’elle n’avait qu’à appeler la police si elle n’était pas contente… Heureusement, tout cela est maintenant derrière elle. Depuis septembre 2024, la maison est enfin redevenue une location à l’année. “Une famille s’y est installée. Ils ont aménagé un petit garage à vélos, vivent ici à l’année, et ça change tout ! Il y a beaucoup plus de respect avec le voisinage. Cela me tranquillise énormément de savoir que je vais pouvoir enfin retrouver une vie paisible avec l’arrivée des beaux jours.” Maeva est consciente de la crise du logement qui touche sa région natale. “C’est important qu’il y ait des règlements comme la compensation pour réguler la prolifération des Airbnbs permanents et permettre aux personnes qui vivent et travaillent ici de se loger.. Et maintenant avec l’encadrement des loyers, les propriétaires ne pourront plus mettre leur location à l’année à n’importe quel prix. Ces deux mesures se complètent bien”. Du bon sens ?

* Le prénom a été modifié