Urrugne : une belle maison, située chemin de Chilintcha, est achetée le 20 mai 2022 au prix de 1 050 000 euros. Il y a déjà de quoi s’indigner de voir de tels prix. Mais comme si ça ne suffisait pas, moins d’un an après, elle est mise en vente, via l’agence Côte Ouest Immobilier au prix de 1 980 000 euros !!!
Dans quel système vivons-nous, qui permet à une minorité de gagner près d’un million d’euros, soit 61 années payées au smic, en moins d’un an et sans rien faire, quand tant de travailleurs de première ligne, éboueurs, caissiers de supermarchés, agents de nettoyage, vivent dans leur voiture ? On appelle ça les culbutes spéculatives et elles sont entièrement légales. Elles se multiplient en Pays Basque.
De pire en pire
Certaines culbutes spéculatives sont moins importantes mais tout de même choquantes comme cette maison toujours à Urrugne, chemin de Souhara, vendue au prix de 749 000 euros en avril 2022 et remise en vente moins de sept mois plus tard au prix de 940 000 euros, près de 200 000 euros de plus. À Espelette par contre, le prix a pratiquement doublé pour cette maison située sur Elizaldeko Bidea, achetée 475 000 euros il y a quelques années à peine par un couple de Girondins qui le revend aujourd’hui à 901 000 euros via l’agence Puyo Immobilier !
À Saint Jean de Luz, c’est un appartement 3 pièces situé avenue André Ithurralde qui, acheté 520 000 euros le 9 janvier 2023, est remis en vente à 840 000 euros dès le mois de mars suivant, soit 320 000 euros de plus en 3 mois !
Plus scandaleux encore, c’est cette fois-ci un logement social, 11, rue des Houx à Bidart, qui a été cédé vers 2005 pour 145 000 euros, en accession sociale à la propriété, à un couple bénéficiant ainsi de l’aide du bailleur social et des collectivités locales. Il est aujourd’hui mis en vente à 800 000 euros !!! La spéculation vampirise même les logements sociaux quand ils ne sont pas protégés par des mécanismes anti-spéculatifs comme le BRS (Bail réel solidaire).
Rassemblements de protestation
Une culbute spéculative dans la proche commune de Saint-Pée-sur-Nivelle avait soulevé la colère des habitants qui avaient manifesté pour protester. Une maison avait été achetée au prix déjà élevé de 730 000 euros le 3 septembre 2022 par un agent immobilier… qui l’avait remise en vente quelques jours plus tard au prix de 1 250 000 euros ! D’autres rassemblements de protestation ont ainsi eu lieu à travers tout le Pays Basque pour dénoncer les culbutes spéculatives, d’Ainhoa à Lacarry.
Défendre le droit de vivre et se loger au Pays
La folle spirale des prix que l’on connaît est alimentée par ces culbutes spéculatives, et par le marché des résidences secondaires, où les biens s’achètent souvent cash et parfois en surenchérissant sur les prix. La plupart de la population locale ne peut pas rivaliser. Cela rend tout plus ruineux et donc inaccessible : l’accession à la propriété, les loyers, et même la production de logements sociaux.
Encadrer les prix de vente et les loyers
Comme l’a révélé le premier sondage réalisé sur le logement en Pays Basque, par l’institut IFOP pour le compte du quotidien Sud-Ouest, 55 % de la population du Pays Basque souhaite que les prix de vente soient encadrés par les pouvoirs publics, plutôt que d’être fixés par le marché en fonction de l’offre et la demande (et 63 % sont pour l’encadrement renforcé des loyers).
Alda appuie bien évidemment ces demandes indispensables si l’on veut casser la spirale des prix qui expulse petit à petit la majorité de la population locale de son propre pays. Plus que jamais, nous devons nous mobiliser pour gagner d’importantes avancées sur ce terrain là également.