“C’est les Basques qui vendent !” C’est étonnant comme on entend souvent cette affirmation dans la bouche de ceux qui s’opposent à toute mesure d’encadrement et de régulation du marché de l’immobilier. On comprend bien ce qu’elle signifie : pourquoi vous, les Basques, vous réclamez des mesures pour protéger le droit de la population locale de vivre et se loger au Pays ? Si terres et logements sont proposés à des prix inaccessibles aux locaux, ou vendus comme résidences secondaires, c’est parce que les gens d’ici acceptent de les vendre. Donc, de quoi vous vous plaignez ?
🤔 Bref, pouvoirs publics, élus, acheteurs de résidences secondaires, promoteurs immobiliers, agences immobilières, pourraient se dédouaner de toute responsabilité dans la crise actuelle et donc dans les solutions à y apporter. Il suffirait que les Basques soient plus vertueux que les autres peuples de cette planète et résistent à l’appât du gain, à l’attrait des plus-values énormes qui sont proposées aux vendeurs potentiels par les acheteurs, les promoteurs ou agents immobiliers…
Ni meilleurs ni plus mauvais que les autres
Alda, qui pense que les Basques ne sont ni meilleurs ni plus mauvais que les autres, continuera de demander à ce que la loi de l’argent, de l’offre et de la demande, ne puisse pas déterminer l’accès de la population locale à un droit aussi fondamental que celui au logement. Et donc, nous continuerons de demander plus d’encadrement et de régulation du marché immobilier, à tous les niveaux. Mais comme nous aimons bien savoir de quoi il en retourne quand le système nous balance telle ou telle soi-disant « évidence », nous avons voulu vérifier cette fameuse affirmation. En effet, depuis les décennies que cela achète et vend ou revend de tous les côtés dans ce petit Pays Basque nord de 320 000 habitants, sur quoi se base-t-on pour dire qu’en 2023 ou en 2024 « ce sont les Basques qui vendent » ?
Voyons les chiffres
En attendant que les auteurs d’une telle affirmation montrent sur quelles statistiques concrètes elle repose, Alda a regardé celles dont nous disposons et ce que cela nous montre. Nous avons donc examiné les congés pour vente dont nous nous sommes occupés, c’est-à-dire les résiliations de bail liées à la vente du logement concerné. Dans la grande majorité des cas, nous ne disposons pas du lieu de naissance des propriétaires qui les délivrent, quand ces congés sont envoyés par lettre recommandée avec accusé de réception ou remis en main propre avec signature d’un reçu. Mais, la minorité des congés qui sont délivrés par huissier font eux mention de l’adresse actuelle du propriétaire, mais également de son lieu de naissance. Nous avons donc étudié les 47 en notre possession. C’est un échantillon statistique comme un autre et il est particulièrement révélateur ! Car on y constate que sur les 47 propriétaires concernés, 23 seulement habitent le Pays Basque aujourd’hui, et 24 résident ailleurs. Et 20 seulement sont nés en Pays Basque, contre 27 ailleurs. Alors, si on se remettait à discuter des solutions ?