-Quand on prend de l’âge ou que l’on est porteur d’un handicap, quels sont les défis dans son logement ?
Le logement tel qu’il est conçu aujourd’hui peut devenir le pire ennemi de son occupant. Se doucher seul, se déplacer, attraper un objet, cuisiner peuvent devenir compliqué voire dangereux. Par exemple, on vante beaucoup la cuisine ouverte qui est un gain d’espace : oui, mais pour les personnes avec des problèmes de mémoire, il faut pouvoir fermer la cuisine à clé la nuit quand l’aidant familial ou l’auxiliaire de vie n’est plus là pour éviter les accidents !

-Que faut-il faire pour que les offices HLM prennent mieux en compte ces problématiques ?

Il faut commencer par arrêter l’amalgame entre handicap et vieillissement parce que certaines solutions adaptées aux personnes en situation de handicap ne le sont pas du tout pour les gens qui avancent en âge !

Par exemple, des toilettes adaptées à un fauteuil roulant sont redoutables pour une personne âgée qui, elle, a besoin de murs espacés de 90 cm de largeur maximum pour pouvoir y prendre appui, s’asseoir et se relever. Dans les toilettes, il est donc préférable de mettre une cloison facilement déplaçable : cela permet de faire facilement évoluer le logement pour un habitant en fauteuil roulant si besoin. Dès la conception, il faut imaginer des logements évolutifs, pensés pour toutes les situations : la prise d’âge, le handicap, les accidents de la vie, les maladies longues etc. Une erreur classique est de ne faire que des travaux partiels, sans prendre en compte tous les autres aménagements à réaliser et anticiper : pour les personnes âgées, les travaux partiels portent souvent sur le remplacement de la baignoire par une douche… alors que la principale chute c’est la nuit quand la personne se lève pour aller aux toilettes !

Améliorer le logement et l’environnement, c’est montrer aux gens qu’on les prend en compte, qu’on les respecte : cela facilite la guérison, permet de vieillir en meilleure santé et finalement apaise la vie de la famille, de l’aidant, de l’immeuble, du quartier.

-Mais on va nous répondre que tout ça a un coût. C’est forcément cher ?
Tout dépend du bâtiment existant. On peut trouver des petites solutions. Par exemple au lieu de mettre un chemin lumineux dans la chambre qui coûte quelques milliers d’euros et que les personnes âgées finissent par recouvrir car cette lumière trop forte les empêche de dormir, il suffit d’installer à 40 cm du sol, au pied du lit et dans le couloir, des ampoules à détection de présence et de mouvement, comme ça dès que la personne met le pied à terre pour aller de son lit aux toilettes, elle a l’éclairage nécessaire. Et ça ne coûte que le prix d’une ampoule…