CAM DE PRATS : Un sentiment d’abandon
Avec ses tours sans ascenseur mises en services en 1967, Cam de Prats est un des plus anciens quartiers HLM de Bayonne. Il est situé à l’entrée de Bayonne venant de Saint Pierre d’Irube, à 10 mn à pied seulement du centre ancien de Bayonne.
Comme dans 15 autres quartiers populaires de la ville, Alda y est régulièrement présent depuis quelques mois. Les bénévoles de l’association y interrogent les habitants dans le cadre de la grande enquête « Et si ça changeait ? » pour écouter leurs ressentis et leurs besoins afin, peu à peu, de définir le travail à venir et les priorités d’Alda.
Agréable et dégradé
Les réponses revenant le plus souvent ont quelque chose de paradoxal. Les habitants ressentent leur quartier comme agréable et convivial, et dans le même temps le qualificatif « dégradé » revient massivement chez les mêmes personnes. Une majorité des personnes questionnées « ne se sent pas écoutée ». Cette réponse-là est, à Cam de Prats, beaucoup plus fréquente que dans la majorité des autres quartiers populaires de Bayonne.
Les bénévoles d’Alda faisant l’enquête perçoivent sur Cam de Prats un certain sentiment d’abandon, auquel s’ajoute une inquiétude quant aux conséquences possibles sur le quartier des nouvelles constructions en cours : une cinquantaine de logements sociaux dont certains destinés au Foyer des Jeunes Travailleurs et surtout plus d’une centaine d’appartements dans des résidences « grand standing » Opalescence.
Sentiment de déclassement
« C’est la cité la plus mal lotie de toutes celles de Bayonne » Cette phrase forte que nous a livrée une personne consultée reflète un certain sentiment de déclassement, qui transparaît chez pas mal des autres habitants de Cam de Prats questionnés par Alda.
Ce sentiment d’abandon, de déclassement se nourrit de faits bien concrets, qui se sont succédés au fur et à mesure de ces dernières décennies sur Cam de Prats : disparition de la permanence de PMI (protection maternelle et infantile) puis du centre aéré, déménagement de l’école à Prissé, suppression de la petite navette gratuite qui reliait le bas du quartier au centre-ville, vie de quartier affaiblie comme en témoigne le terrain de pétanque qui n’est plus utilisé. Un habitant à qui HSA, le bailleur social gérant les HLM de Camp de Prats, aurait dit ne rien pouvoir faire face aux problèmes d’humidité et de difficulté à bien chauffer son appartement, nous dit : « HSA nous explique ça par la vétusté générale du bâtiment concerné, je peux les comprendre, mais pendant ce temps, on voit qu’on construit dans notre quartier des belles résidences, des super logements avec terrasses et tout et tout. Comment voulez-vous qu’on ne soit pas en colère, qu’on ne se sente pas comme délaissés ? »
Des atouts et des propositions
On le voit, il y aurait tout intérêt à organiser une consultation à plus grande échelle sur le quartier de Cam de Prats pour recenser les problèmes et les besoins, et établir une priorité d’actions à mettre en marche pour y répondre. D’autant plus que le quartier a de nombreux atouts et ses habitants savent être force de proposition. Le travail d’enquête d’Alda sur Cam de Prats ne consiste pas qu’à recenser plaintes et doléances. Les habitants questionnés savent également souligner ce qui va bien, quels sont les points forts de Cam de Prats, pourquoi ils le qualifient également de quartier agréable et vivant.
Le quartier a une vraie âme, et un certain nombre de ses habitants se connaissent bien, ne font pas que se croiser, ont des relations qui vont au-delà du simple Bonjour-Bonsoir. Sur quelques bâtiments, il y a une vraie vie de voisinage, des échanges appréciables entre habitants de différentes générations. Sur l’ensemble du quartier, si certains se plaignent d’incivilités, d’éventuels problèmes de bruit, il n’y a pas ici de sentiment d’insécurité. S’il y a des problèmes d’humidité, d’isolement, de chauffage dans un certain nombre de bâtiments et de logements, d’autres sont considérés comme très corrects et bien entretenus. Les enfants jouent dehors, font du vélo dans le quartier, se connaissent entre eux.
Des améliorations rapides possibles
Quand on écoute les habitants, on s’aperçoit qu’il ne faudrait pas grand-chose pour apporter de rapides et réelles premières améliorations à la qualité de vie du quartier.
Certaines choses pourraient être réglées immédiatement, par une simple décision politique : augmenter la fréquence d’enlèvement des encombrants par exemple. Cela réglerait en suivant le problème de ces sortes de verrues du quartier, pas vraiment ce qu’on fait de mieux pour l’hygiène et l’environnement visuel.
Le local qui servait autrefois de centre de loisirs ne pourrait-il pas devenir une sorte de foyer et de lieu de vie commune ?
Ne pourrait-on pas créer quelque part dans le quartier un lieu modeste en taille mais multi-services qui deviendrait le « centre » de Cam de Prats, favorisant les rencontres et les échanges entre voisins ? Certains habitants en proposent la description suivante : ce pourrait être un petit atelier, avec un abri, où l’on pourrait utiliser de l’outillage en commun, bricoler, faire l’entretien ou des réparations de base sur les vélos, scooters, voitures… Il pourrait y avoir un distributeur de boissons chaudes pour qu’on puisse s’y retrouver autour d’un café ou d’un thé. Et un tableau d’affichage où les habitants pourraient mettre leurs annonces, propositions de services ou demandes de prêts de matériel destinés à d’autres résidents du quartier.
Des opportunités à exploiter
D’autres habitants soulèvent une autre opportunité non exploitée : “Nous avons des espaces verts qui sont sous-utilisés alors que leur occupation intelligente pourrait considérablement améliorer la qualité de vie de ce quartier.” Pendant le premier confinement, des voisins y avaient installé un hamac pendant l’heure de sortie autorisée. Tout de suite avait été affiché un mot disant que les espaces verts n’étaient pas faits pour ça. Mais au contraire, il faudrait faire des espaces verts attenant au terrain de pétanque un lieu de vie et de loisirs collectifs. Y installer l’aire de jeux pour enfants, quelques tables et des bancs en nombre suffisant tout autour, et permettre leur utilisation pour y pique-niquer, s’y prélasser, profiter des beaux jours et faire mieux connaissance des autres habitants du quartier : « Nous avons une vaste terrasse collective et nous ne l’utilisons pas, quel dommage ! ».
Décider ensemble du présent et de l’avenir du quartier
Bref, à Cam de Prats, ce ne sont ni les idées, ni les possibilités d’améliorer le quotidien qui manquent. Alda compte bien travailler avec les habitants à concrétiser ces propositions là, et bien d’autres qui peuvent surgir si l’on met vraiment les gens autour d’une table pour décider du présent et de l’avenir de leur quartier.
(Vous habitez Cam de Prats ? Envoyez nous votre avis, votre ressenti et vos commentaires sur cet article, vos propositions ou vos idées à l’adresse mail : info@alda.eus ou par courrier à l’adresse : Alda, 25, place des Gascons, 64 100 Bayonne)
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