L’association Alda, qui défend les habitants et milieux populaires du Pays Basque, s’indigne de la demande de renoncer à la mise en place de la mesure de compensation faite par le maire PS d’Hendaye à la Communauté d’agglomération du Pays Basque (CAPB). Emboîtant le pas au lobby UNPLV (Airbnb, Abritel, Poplidays (lié à Carmen Immobilier), Homelidays etc. : cf https://www.alda.eus/compensation-alda-repond-au-lobby-unplv/ ) qui s’est exprimé ce 23 février depuis Paris dans le même sens et avec les mêmes éléments de langage, il en appelle à la démission des élus devant le marché tout puissant. Il veut que la Communauté d’agglomération du Pays Basque renonce à réguler le marché immobilier, à stopper le tsunami Airbnb et à protéger les locataires et le droit des habitants à vivre et se loger au pays. Ce faisant, il trahit tout simplement la jeunesse et les classes populaires d’Iparralde.
Stopper l’hémorragie !
L’édile hendayais, Kotte Ecenarro, monte au créneau pour défendre les 980 meublés de tourisme permanents à Hendaye alors qu’ils constituent un énorme problème, dans une ville qui ne compte, d’après le dernier recensement de l’INSEE, que 1964 logements loués à l’année dans le parc privé. Ils étaient 2259 en 2013 soit 400 de plus ! Combien en restera-t-il dans 5 ans si la CAPB n’adopte pas la mesure de compensation, alors qu’Airbnb et compagnie, chassés des grandes métropoles justement par cette mesure, se redéploient sur les « petites villes du littoral et les territoires ruraux », le Pays Basque étant en première ligne de ce redéploiement ? Alda est déjà régulièrement saisi par des travailleurs ayant du mal à trouver à se loger sur Hendaye ou payant des loyers que la pénurie a fait exploser, qu’est-ce que cela serait demain si la compensation n’était pas adoptée le 5 mars prochain ?
M. Ecenarro parle de la compensation -déjà adoptée par les mairies extrémistes de Paris, Bordeaux, Nantes, Strasbourg, Lyon- comme d’un projet violent. A-t-il une idée de la violence subie chaque jour par les locataires du Pays Basque qui se retrouvent victimes d’un congé pour vente parce que le logement qu’ils habitaient va devenir un Airbnb permanent, racheté par quelqu’un qui veut transformer une habitation en « investissement financier » ? Les locataires à l’année ne sont-ils pas eux également, et principalement, des clients de ces commerces et supermarchés hendayais que le maire PS prétend protéger en défendant la transformation des habitations à l’année en meublés de tourisme ?
Faux arguments…
Le maire PS d’Hendaye semble s’ériger en spécialiste du renoncement et prétend que la compensation va aller à l’encontre du but recherché en faisant vendre les logements concernés sur le marché des résidences secondaires, ce qui n’a pas été observé globalement sur les villes où la compensation a été mise en place. D’ailleurs, la part en valeur relative (pourcentage du parc total de logements) des résidences secondaires est restée stable ces dernières années en Iparralde (Source Audap) et leur augmentation en valeur absolue a notamment été nourrie par le phénomène des meublés de tourisme de type Airbnb.
Il prétend que beaucoup de ces logements ne sont pas adaptés à la location à l’année, mais ce n’est pas le cas. Parmi ces 980 meublés de tourisme, beaucoup sont des anciens logements loués jusqu’à très récemment à l’année, même les plus exigus ou ceux situés en sous-sol. Les locations aux loyers les moins chers – ceux bénéficiant à la population la moins aisée – sont ceux qui ont été le plus impactés par cette transformation du parc locatif en meublé de tourisme. Quant aux logements créés par division d’une résidence principale, le règlement soumis au vote prévoit une dérogation qui les exempte de mesures de compensation.
…et stratégies perdantes
Mais surtout, le maire PS d’Hendaye devrait se battre non pas contre la compensation mais POUR stopper l’hémorragie du parc locatif causée par les meublés de tourisme permanents ET pour des mesures qui incitent les propriétaires à louer à l’année ET pour flécher les ventes vers le marché des résidences principales, dont les futurs acquéreurs libéreront ainsi leur place dans le parc locatif. Si on ne fait pas tout ça, ça ne marchera pas. Si la CAPB travaille seulement, comme M. Ecenarro le prône, sur « la question du pourquoi les gens ne louent pas davantage à l’année », elle est condamnée à l’échec parce que la location en meublé de tourisme permanent est beaucoup beaucoup plus rentable que la location à l’année. Sans empêcher cette pratique des meublés de tourisme permanents de type Airbnb, on pourra faire tout ce qu’on veut pour faire évoluer la fiscalité, ce que plaident Alda et d’autres collectifs auprès du cabinet de la ministre du logement, cela ne suffira pas.
Enfin, le maire d’Hendaye qui se plaint des prix actuels du marché doit comprendre une chose simple, que l’on peut observer en étudiant les différents rapports de l’AUDAP : le développement important des meublés de tourisme a un clair effet à la hausse sur les prix d’achat (possibilité d’acheter des résidences secondaires pour ceux qui n’en avaient jusque là pas les moyens donc augmentation de l’offre ou possibilité de surenchérir sur le budget initialement escompté, l’acheteur et les banques intégrant les rentrées de type airbnb dans le plan de financement). Le vote de la compensation par la CAPB le 5 mars y mettra un coup d’arrêt, en impactant immédiatement les décisions des banques et celles des particuliers dans ce domaine.
Pour le droit de vivre et se loger au pays, pour avoir des centres-villes et des quartiers habités et vivants, des immeubles apaisés et vivables, pour limiter l’explosion des prix de l’immobilier et du foncier ; la Communauté d’agglomération du Pays Basque doit adopter ce samedi 5 mars une mesure de compensation forte et stopper le tsunami Airbnb !