Le diagnostic du Plan climat (PCAET) estime à 20 000 le nombre de nouvelles résidences secondaires qui seront produites en Pays Basque nord dans les années à venir.
Entre 1999-2017, sur les 843 nouvelles résidences secondaires par an, 277 en moyenne provenaient de la construction neuve, 566 de rachats dans le parc ancien.
Sur la période 2021-2026, le Programme Local de l’Habitat prévoit 892 nouvelles résidences secondaires par an, et une « réduction attendue dans la production neuve”, c’est-à-dire une pression encore plus forte sur le parc ancien (600 à 700 nouvelles résidences secondaires se créant chaque année par rachat de logements pré-existants).
Les locataires actuels de ces habitations sont prioritaires pour racheter leur logement pendant un délai légal de 6 mois, mais n’ont aucunement les moyens d’emprunter des sommes telles que celles proposées par les acheteurs de résidences secondaires. Cela a donc pour effet de mettre à la rue les familles qui louaient ces biens. Nous voyons déjà ce genre de situations se multiplier autour de nous. C’est un phénomène d’une grande violence, générateur d’angoisse pour tous les locataires actuels vivant dans cette zone tendue de la côte basque, objet de toutes les convoitises. Pourront-ils continuer à habiter et vieillir sur le territoire où ils ont toujours vécu et travaillé ?
Face à cette cruelle réalité de la loi, froide et sans pitié, du marché, les communes basques ne disposent de quasiment aucune mesure efficace permettant de stopper ou freiner le phénomène. La surtaxe pratiquée, même à son taux plein de 60 %, sur les résidences secondaires, n’a pour l’instant aucun effet sur les riches propriétaires. Il faut donc se mobiliser, tous ensemble et avec d’autres territoires soumis au même phénomène, pour exiger de nouvelles mesures législatives permettant aux communes et agglomérations de limiter la proportion de résidences secondaires sur leur territoire, et de protéger les habitants à l’année. Par exemple, la Suisse a limité le nombre de résidences secondaires à 20% du parc par commune, le Tyrol autrichien à 8%. D’autres propositions sont sur la table, comme celle d’une taxation spécifique ou celle d’un statut de résident qui nécessite d’habiter au moins un an sur un territoire avant de pouvoir y acheter (5 ans dans la région italienne de Bolzano).
Mais en attendant que la loi permette de protéger les habitants de ce pays, nous devons le faire par nos propres moyens, toujours collectifs et non-violents. Par exemple, comme Alda le fait déjà, en se mobilisant pour empêcher toute procédure d’expulsion contre des locataires devant quitter leur logement vendu pour en faire une résidence secondaire ou un meublé touristique. Ou en lançant un mouvement d’occupations symboliques de certaines résidences secondaires, nouvelles et choquantes par leur prix, leur situation ou les conséquences de leur mise en vente sur les anciens locataires, afin de créer un effet dissuasif sur les gens voulant en acheter en Pays Basque. Sans mobilisation d’ampleur et d‘actions déterminées, nous n’aurons pas d’évolutions législatives permettant de limiter ce phénomène destructeur.